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Former les Agripreneurs de demain - Notes de terrain d’une ferme pédagogique

5 mars 2020
Cabri Blog Team Picture Kelly Ann
(Photo by CABRI)

Kelly Ann et son équipe sur leur ferme à Maurice

Kelly Ann est co-fondatrice de Farmcity, une entreprise sociale qui vise à accroître l’accès à des légumes plus sains pour tous. Farmcity utilise l’agriculture comme un outil de développement de la capacité d’entrepreneuriat chez les jeunes d’aujourd’hui, afin qu’ils puissent former les Agripreneurs de demain. Voir ses activités à : www.farmcity.co

Kelly Ann a participé à la revue-pays « Maurice » de CABRI sur le rôle des gouvernements dans le développement des chaînes de valeur dans le secteur de l’agriculture, où elle a présenté certains des principaux défis auxquels sont confrontés les jeunes dans le secteur agricole.

Plus de 60 pour cent de la population africaine a moins de 25 ans. D’ici à 2035, 350 millions de nouveaux emplois devront être créés pour eux. Même si l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA) remplacent les emplois et les industries que nous connaissons, le secteur agricole promet d’offrir aux jeunes des perspectives d’emploi dont le continent a désespérément besoin. Malgré ce débouché, la participation des jeunes à ce secteur reste limitée. Comment rendre le secteur plus attrayant pour les jeunes ? Une question en apparence simple, pour laquelle il n’existe aucune solution universelle, ce qui n’est pas surprenant, compte tenu de la diversité du paysage, des peuples et des cultures du continent.

À Maurice, l’idée générale est que la réponse réside dans l’accroissement à l’accès à la technologie, aux terres et aux fonds. Toutefois, nous affirmons, qu’il s’agit d’un postulat secondaire. Si nous voulons rendre l’agriculture plus attrayante pour les jeunes, nous devrons d’abord créer un environnement qui met en avant les agripreneurs. Il s’agit de l’agripreneuriat, plutôt que de l’agriculture, qui dispose d’un potentiel énorme pour contribuer à une variété de développements sociaux et économiques grâce à la création d’emplois, à la réduction de la pauvreté et à l’amélioration de la nutrition, de la santé et de la sécurité alimentaire en général dans l’économie nationale.

Kelly At Event

Kelly Ann intervenant lors de la revue-pays « Maurice » de CABRI sur le rôle des gouvernements dans le développement des chaînes de valeur dans le secteur de l’agriculture.

Les voix des jeunes sont essentielles au dialogue parce qu’ils subissent les conséquences de nos actes. Nous devons leur donner les moyens d’examiner les problèmes et opportunités qui concernent leur avenir. Qui d’autres sauraient mieux ce qui fonctionnerait, que les jeunes eux-mêmes ? Nous entrevoyons à quel point les initiatives dirigées par les jeunes peuvent s’avérer puissantes dans nos activités avec des jeunes Mauriciens qui viennent des régions urbaines et périurbaines. Dans le cadre d’un programme, nous avons posé la question suivante à 150 jeunes de 11 à 15 ans : « Si vous étiez ministre de l’Agriculture, comment rendriez-vous l’agriculture plus attrayante pour les jeunes ? ». Les 3 principales suggestions étaient :

  • d’introduire l’agriculture comme matière obligatoire à l’école ;
  • d’avoir plus d’activités qui impliquent l’agriculture, la plantation (le jardinage) et la protection de l’environnement et
  • de créer de meilleures conditions de travail (par ex., un salaire plus élevé) pour les agriculteurs.

Des solutions simples et réalisables ; aucune technologie n’est requise.

Nous devons également écouter ce qu’ils veulent - le secteur doit offrir la récompense, le but et la croissance que nos jeunes recherchent. Pendant trop longtemps, le secteur s’est concentré sur le rendement au mètre carré et le profit à tout prix. Cet état d’esprit a perpétué des pratiques agricoles extrêmement polluantes et extractives – l’utilisation intensive de pesticides et d’herbicides, des conditions commerciales déloyales, la monoculture, pour n’en citer que quelques-unes. La poursuite sans fin du profit signifie également que les travailleurs agricoles sont parmi les employés les moins bien payés. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les jeunes continuent de considérer ce secteur de manière négative. Une étude approfondie menée par le Forum économique mondial en 2018 a révélé que la génération « Millénium » considère le changement climatique et la destruction de la nature comme la question la plus critique. Il s’avère que 90 pour cent de cette génération sont d’accord pour dire que les hommes sont responsables du changement climatique. La même étude a constaté que « le sens du but à atteindre/l’impact sur la société » demeure l’un des principaux critères pour les jeunes lorsqu’ils envisagent des perspectives d’emploi. Elle a également indiqué que les jeunes ont une « conscience en ce qui concerne les questions sociales »et qu’ils s’attendent à ce que les entreprises s’impliquent et considèrent ces questions, même si celles-ci ne sont pas liées à leur activité principale. Nous le voyons transparaître au sein même de notre équipe, encore petite certes, mais en pleine croissance. L’âge moyen de notre équipe est de 27 ans, et nos plus récentes recrues sont des diplômés universitaires. Ils contribuent activement à la vision et à la stratégie de l’entreprise, et sont tout complètement à l’opposé de la « génération des changements d’emplois fréquents qui ne se soucie guère du travail », si souvent représentée dans les médias. Bien que notre expérience soit au mieux anecdotique, nous croyons fermement que le remplacement des pratiques extractives par des pratiques agricoles plus équitables, plus ciblées et plus durables, permettrait d’accroître la participation des jeunes à ce secteur. Enfin, le secteur agricole a besoin d’une refonte de son image. En tant que jeunes agripreneurs, nous vivons la réalité d’être dans une industrie dans laquelle peu de nos pairs souhaitent se trouver. Nos pairs réagissent avec étonnement lorsque nous nous présentons en tant qu’agriculteurs, et, cet étonnement se transforme souvent en incrédulité quand ils se rendent compte que nous le faisons à plein temps ; qu’il ne s’agit pas « uniquement d’un passe-temps », ou d’une activité que nous faisons jusqu’à ce que « quelque chose de sérieux se présente ». Leurs réactions ne sont pas surprenantes. La plupart d’entre nous ont simplement été conditionnés à considérer l’agriculture comme un travail inférieur. Rares sont ceux qui se rendent compte qu’au-delà de « simplement » cultiver les denrées alimentaires que nous mangeons, les agriculteurs doivent constamment exceller lorsqu’il s’agit de planifier stratégiquement les cycles de reproduction et les périodes de récolte. Ils doivent aussi gérer les risques pour limiter les dommages causés par l’évolution constante du régime climatique, les relations avec les fournisseurs, les clients et n’importe qui entre les deux, effectuer la comptabilité et la gestion des liquidités afin de s’assurer du paiement des factures, posséder les compétences en bricolage pour réparer et maintenir la multitude d’outils nécessaires sur une ferme, ’être résilients pour surmonter la variabilité de la nature et gérer de plus en plus les médias sociaux parce que ce sont les plus accessibles du point de vue marketing pour les petites entreprises. Il s’agit là de responsabilités qui sont certainement loin d’être subalternes. Elles représentent un ensemble nécessaire de compétences requises des entrepreneurs. Nous avons passé la dernière décennie à célébrer l’entrepreneur technologique, il est grand temps que nous célébrions les agripreneurs.

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